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dimanche 29 décembre 2019

Magie d'hiver au jardin

"Tout le ciel étoilé, toute la terre nourricière, toute la splendeur de l'aube et du soir, toute la gloire du printemps et de l'automne, tout le Souffle aimant de l'univers porté par un vol d'oiseaux migrateurs, tous les hauts chants humains montés de la vallée des larmes, tout cela constitue un "ici et maintenant" où l'éternité se ramasse. Cet "ici et maintenant" ne peut rayonner, irradier, faire fleurir et porter fruit, susciter écho et résonance et, par là, prendre tout son sens que s'il est vécu par une âme."
François Cheng


Les dernières fleurs du sagittaire de Montevideo
                                       

Il fait froid, la brume drape tout d'un voile laiteux.
Le jardin dort, enseveli sous les promesses de fleurs et de feuillages à venir.
J'entends les chants des mésanges et le cri au loin d'un faisan.
Le temps n'existe plus, tout est suspendu dans cette ambiance hivernale. Les bourgeons sagement semblent figés dans leur attente... Quand le froid se fera plus mordant, les dernières roses se cristalliseront dans le givre, le velours des pétales habillé de diamants qui distilleront les rayons du soleil.
Pour le moment je me souviens des trésors du printemps, de l'été, de l'automne avant le sommeil.
Ce n'est ni une tristesse, ni une nostalgie, mais au contraire une sorte d'hommage à la vie, qui pulse encore, bien à l'abri dans son berceau de terre, et qui surgira lorsque les jours s'allongeront, plus foisonnante que jamais...

Fleur de camélia du Japon givrée

                              

 La lumière est faible, diaphane, fragile. La nuit ne quitte pas tout à fait le jour né, et enveloppe déjà l'après-midi avec hâte. 
Je suis assise sur le bac pétrifié de la fontaine, dans la cour.
Un chat, Calypso, se frotte contre mes jambes.
Yoko la jument, câline Poésie, la petite vache.
J'entends la famille de cygnes noirs qui revient de la mare pour grappiller quelques graines.
Une bise humide souffle on dirait que les ramures des arbres chuchotent, pleine de mystères.

 La dispute d'étourneaux qui chapardent des fruits blets sur le néflier...
Ce calme a quelque chose d'étrange.
Pénétrer dans l'antichambre de la nuit à pas de loup.
C'est comme être hors du monde, connectée à chaque particule d'air, de plantes, de terre, à chaque âme d'animal. Dedans et dehors à la fois. Être deux, cent, mille. Être rameau, poussière, goutte, vapeur, être pas tout à fait là parce que être si fort qu'il n'y a pas de mot.
Être là,  dans cet instant d'hiver.
Terriblement là. 


Des baies de callicarpa ornée de givre
                               
Mes cheveux jouent, caressés par le vent.
Des larmes de brume perlent sur une toile d'araignée, toutes saisies de beauté et de transparence.

Je me sens vivante, juste vivante et pourtant, intensément vivante.





jeudi 26 décembre 2019

Nympheas au jardin suite

« Écoute tous les maîtres de la Nature.
Observe les arbres, les animaux, les pierres, tous les êtres vivants.
Tu découvriras que l’intelligence, la connaissance,
n’est pas dans les livres,
mais bien dans tout ce qui t’entoure. »

Jordan Ray.


En été, jour après jours les fleurs s'épanouissent


Chaque matin au jardin par temps chaud, c'est un concert de couleurs, les nénuphars rustiques ouvrent le bal en fleurissant dès le printemps, les tropicaux attendent l'été pour offrir leurs atours.
Les libellules, les abeilles, les papillons dansent autour de ces fleurs et viennent y savourer le nectar.

Nymphaea " Perry's Strawberry Pink" avec une grenouille
                                         

Nymphaea tropical "Ultraviolet"
                                         Les nymphéas tropicaux sont originaires d'Amérique du Sud, d'Afrique du Sud, d'Asie et d’Égypte... Leurs feuillage et leur fleurs sont beaucoup plus spectaculaire que pour les nymphéas rustiques (le coloris bleu est présent chez les exotiques).
 Leur floraison est en général érigée c'est-à-dire que les fleurs sont portées au dessus du niveau de la surface et les parfums sont puissants.

Nymphaea tropical gigantea, originaire d'Australie
                                          
                                             
Fleurs de nymphaea "Perry's Strawberry Pink" et leurs reflets sur l'eau
                                                                   

Nymphaea tropical gigantea Hooker sous sa forme blanche

                                          

mardi 24 décembre 2019

Yoko la jument 2 "Une jument, de l'agonie à la lumière"

"Sauver l'espoir, sauver les animaux qui sont notre espoir."
                        Konrad Lorenz 


Yoko la jument 2
Une jument, de l'agonie à la lumière



                                         Le sauvetage de Yoko 


Doucement, jour après jour, les forces reviennent dans son corps de vieille jument.
Ses yeux sont habités par un regard qui cherche à embrasser le monde, à capter la vie pour s'en nourrir. Son cœur, son cœur d'alchimiste, fatigué, si faible, cherche à sublimer des morceaux d'espoir, les beautés des aubes, les caresses qu'on lui fait.

Yoko la vieille jument mourante transforme l'amour en vie, puis la vie en amour.
Il y a les soins, les visites vétérinaires, les malaises, les chutes, de jour comme de nuit.
Nous nous relayons à ses côtés, la couvrons quand il fait froid, la massons, la rassurons.
Elle caresse ma joue avec le velours de son nez, vient devant la maison poser sa tête sur le portail, à sa manière elle dit qu'elle veille sur nous...



Yoko en balade, un peu plus de 2 mois après son arrivée chez nous
                                 

Par un beau jour d'hiver, elle se tient plus droite que d'habitude.
Nous décidons alors d'être fous, de suivre sa folie, sa folie de jument à la conquête de la vie.

Alors nous prenons avec elle la direction de la forêt, la tenant en longe.
Elle s'agite, relève son encolure, comme pour dire: Je suis là, j'existe...
Elle boîte et pourtant elle est fière. A chaque pas son sabot foule le sol comme une victoire.
Elle hume le parfum humide de la forêt encore endormie, bouge ses oreilles au chant d'une mésange. Elle écoute cette musique de vie, pour la faire pénétrer en elle, dans tout son être.

Yoko, si fragile, s'enfonce avec nous dans ce bois, ses pas se font plus réguliers.
Des oiseaux s'envolent, au loin l'eau d'un étang dévoile sa surface argentée nimbée d'un peu de brume.
Yoko renâcle. Elle semble quitter les rivages de la maladie...
Nous nous rendons plus que jamais compte de son courage.
Et paradoxalement nous avons de plus en plus peur de la voir mourir.
Nous savons que malgré l'amélioration de son état ses chances de survie sont encore très faibles.
Nous nous arrêtons près d'un chêne majestueux.
Son écorce est brillante de la pluie de la nuit.
Yoko en profite pour brouter, fouillant dans les touffes d'herbes.

 Nous sommes déchirés entre ce bonheur indicible de la voir vivante, et cette peur sourde et lancinante de la perdre. Je pose mes mains sur son poil doux et chaud.
Elle lève sa tête et nous regarde, et là, il y a tant de pureté et de gratitude en elle qu'on se sent à nu.
Et on a envie plus que jamais de profiter goulûment de chaque seconde de vie, sans rien perdre, une vie si fragile et si intense, merveilleusement intense.

Alors la magie opère, on oublie les plaies, la maladie, sa patte brisée jamais soignée, sa vieillesse, ses années de calvaire. On pense à sa crinière blanche, à son visage de guerrière de lumière... On pense juste à d'autres balades dans la forêt, au printemps qui sera là dans un mois et demi, aux brises parfumées, aux stridulations des grillons, aux hirondelles qui reviendront faire leur nid dans les écuries et les granges. On pense à des caresses, au pré qui se couvrira d'herbe d'émeraude...
On a repris avec elle le chemin de la ferme, Yoko est droite, attentive à chaque craquement de branche, à chaque bruissement d'ailes. Le temps n'existe plus, la seule dimension qui existe, c'est l'amour.
L'amour entre une vieille jument qu'on a accueilli mourante, et nous.
L'amour qu'on donne, avec nos mains et notre cœur.
L'amour qu'elle nous donne, tellement beau et pur qu'on a peur de ne pas être à la hauteur.


Yoko dans la cour, en février 2019

                                           
Lorsque nous sommes revenus à la ferme, elle a henni. Les autres chevaux, les poneys, l'âne et les vaches ont accouru vers le portail. Tous l'ont flairé, encore et encore. 
Elle était à présent une jument de lumière.
Comme un soleil de printemps riche de promesses de vie après la nuit de l'hiver.

samedi 21 décembre 2019

Yoko la jument 1 " Le gâteau de Noël"


" La compassion, mot plus explicite que celui de pitié, puisqu'il souligne le fait de pâtir avec ceux qui pâtissent, n'est pas, comme on le croit trop, une passion faible ou une passion d'homme faible, qu'on puisse opposer à celle, plus virile, de la justice ; loin de répondre à une conception sentimentale de la vie, cette pitié chauffée à blanc n'entre comme une lame que chez ceux qui, forts ou non, courageux ou non, intelligents ou non (là n'est pas la question), ont reçu l'horrible don de voir face à face le monde tel qu'il est. À partir de cette vision extatique à rebours, on ne parle plus de beauté qu'avec certaines restrictions ."
 Marguerite Yourcenar


Yoko la jument 1 

Le gâteau de Noël


Yoko, lors de son sauvetage le 8 novembre 2018
                                          Alors tu es là, souffrante, glacée, attendant la mort.
Le sauvetage a été difficile, très éprouvant, mais tu es là.
Vacillante. Il a fallu plusieurs heures pour te relever, avec des sangles, un tracteur, et du monde.
Le voyage jusqu'à chez nous a été très dur.
Mais tu es là.
On a nettoyé tes plaies, le vétérinaire est très pessimiste.
On se relaie à tes côtés jour et nuit.
Déjà la mort ne danse plus dans tes yeux. Tu as renoncé à trembler, j'ai enfoui mes mains dans ta crinière. Tu as reniflé le foin, tu as mangé un peu, à bout de forces.

Yoko, deux jours après son arrivée

Les jours passent, au rythme de tes chutes, tes malaises, et ce corps qui cherche le chemin de la vie. Jours sanglots, jours combat quand on met des heures pour te lever, avec le vétérinaire en urgence, avec des amis.
Tu laisses ces mains te palper, t'examiner , te tirer, t'aider.
Et puis il y a cette étincelle, cette étrange étincelle, ce mélange de courage, d'espoir, de renaissance qui germe en toi. Elle grandit, tournoie, allume ton regard.
Tu es là. 
Tu quittes peu à peu le monde des limbes dans lequel tu étais, tu vogues vers les rivages de la vie.
Tu frémis aux caresses, tu mets ton nez-velours dans mes mains lorsque, couchée, tu nous dis à ta manière que tu es trop faible pour te relever, qu'on ne doit pas gaspiller tes forces, qu'il faut attendre un moment.
Je me couche contre toi, mes larmes roulent sur mes joues, et d'un coup de langue tu les attrapes.

Et puis il y a eu ce jour. Juste avant Noël.
Malaise. 
Plus aucune réaction.
Lorsque tu es revenue à toi ton souffle était si faible, comme un murmure, comme un départ.
Mais ton nez cherchait les caresses, comme pour défier cette mort qui voulait te prendre.
Tu as relevé la tête, ta tête magnifique, ta tête de jument, ta tête gracieuse qui voulait accueillir la vie, l'amour, la lumière, la joie et  les bonheurs à venir.
Nous avons attendu le vétérinaire.
En tremblant, car nous avions déjà refusé la décision, la terrible décision, celle d'abréger cette lutte tant l'espoir était faible.
Yoko, presque 3 semaines après son arrivée

Mais tu t'accrochais tant à cet espoir, que nous ne pouvions que s'y accrocher avec toi. Tu nous y attendais dans cet espoir, avec ta tendresse, les tremblements de ta carcasse, tes os douloureux, ton regard de guerrière.
Une guerrière d'amour et de vie.
Nous avons décidé de prendre le thé dans l'écurie, près de toi.
Peut-être serai ce la dernière fois. Ton cœur battait si faiblement.
Assis, nous te caressions, ta tête sur mes jambes.
Mon homme a apporté les bols, le thé fumant, et un gâteau de Noël.
La fumée dessinait des volutes argentées. Tes naseaux ont frémi.
Les larmes coulaient sur mes joues, l'une d'elles est venue rouler sur ton visage.
Ton visage magnifique, ton visage de jument. 

Mon homme a coupé le gâteau.
Tu as redressé ton encolure.
Tu as henni, un petit hennissement, comme celui d'un poulain.
Un poulain au commencement de sa vie.
Tu as attrapé un morceau de gâteau.
Tu l'a mangé. Une friandise de vie. Une friandise pour refuser la mort.
Mes mains ont parcouru ton corps. Ton corps allongé qui attendait de renaître.
Ton corps tout cassé, ton corps avec cette piroplasmose chronique, ton corps dénutri, ton corps avec cette ancienne fracture jamais soignée et ces bouts d'os effroyables brisés dans ta jambe.
Ton corps de vieille jument agonisante. Ton corps de guerrière.
Tu as dégusté le gâteau. Et avancé ta bouche vers ma main pour en avoir un autre bout, avec une mimique de cheval gourmand.
Lorsque le vétérinaire est arrivé, tu mâchais tranquillement, l'oeil coquin.
Au bout d'un moment tu as soupiré.

Tu as secoué ton cou.
Tu nous a dit que tu étais prête.
Nous t'avons aidé à te relever.
J'ai vu dans tes yeux de la fierté.
Et j'ai pleuré, mais cette fois c'était de la joie...

Yoko, fin décembre 2018
                                       

jeudi 19 décembre 2019

Dans un cabinet vétérinaire

"L'avenir appartient à ceux qui ont le véto !"
Coluche dans Le chômeur (1986)


Sans un brin d'humour ou d'ironie, la vie serait tellement triste...
Parfois les vétérinaires ont affaire à des êtres mettant leur patience à rude épreuve, 
orchidoclastes, malotrus, paltoquets, et autres coquefredouilles...






Bienvenue dans notre cabinet vétérinaire. Nous sommes heureux de vous y accueillir et d’aider votre animal.

Voici quelques suggestions pour une gestion agréable de notre relation à long terme.


1) Amenez en consultation le plus d’enfants que vous pouvez. Si possible en bas âge.
Si vous n’en avez pas assez, empruntez ceux des voisins, ça leur fera une sortie éducative.
Laissez-les grimper sur les meubles, jouer méchamment avec le chien du cabinet, fouiller nos tiroirs. Nous n’avons pas de secrets pour vous.


2) Ne mettez pas de laisse à votre chien, n’amenez pas votre chat dans une cage. Nous aimons l’anarchie.

3) N’apportez pas le dossier médical de votre animal. Cela nous permet de passer quelques coups de fil et de renouer avec d’anciens copains.
Éventuellement de leur dire qu’ils ont fait des conneries. En toute confraternité.

4) Insistez pour que nous suivions à la lettre les recommandations de l’éleveur de votre animal.
Particulièrement en ce qui concerne les vaccins.
Nos études et notre lecture de la presse scientifique ne nous apportent pas grand- chose, aussi apprécions-nous vos avis, il n’y a que les imbéciles qui n’en changent pas.
Et nous ne sommes pas des cons. Enfin, pas tous.


5) Ignorez surtout les panneaux « privé » et promenez-vous librement dans notre pharmacie, notre hospitalisation, incitez vos enfants à passer la main dans les cages.

6) Si votre animal est malade, n’oubliez pas d’attendre trois ou quatre jours avant de nous appeler ou de venir.
N’oubliez pas non plus, en attendant, de vider votre armoire à pharmacie : le paracétamol, par exemple, figure parmi nos médicaments favoris.
Suivez tous les préceptes d’Annie Cordy dont : « Ça ira mieux demain ».


7) N’oubliez pas de contester la facture. Nous sommes de gros voleurs.
Nous avons une Ferrari devant la porte, notre ASV roule en Porsche, tout cela sur le dos des animaux.

Ne venez pas avec plus de vingt euros. Notre ASV a autrefois travaillé chez « Ma tante » et sera heureuse de prendre en gage une montre, un bracelet, un collier, etc.
Nous proposons néanmoins des échéanciers sur 5 ans sans intérêts.


9) Merci de nous donner les informations les plus importantes pendant que nous écoutons le cœur et les poumons de votre animal.

10) Ne dites surtout pas que le vétérinaire précédent à dû museler votre chien parce qu’il mord, cela nous aide a garder nos réflexes intacts.
Les vétérinaires apprécient particulièrement de vérifier leur intégrité nerveuse et leur agilité.


11) Dites surtout : « je ne sais pas du tout ce qu’il a, c’est ma femme qui s’en occupe ».
Nous sommes aussi devins. Parce que les bêtes elles ne parlent pas. Mais nous on sait ce qu’elles ont. Vu que nous sommes vétérinaires.


12) Laissez Kiki libre dans la salle d’attente. On ne sait jamais, ça peut mettre de l’ambiance.

13) N’hésitez pas à dire : « Non, pas vous, je veux parler au docteur » quand l'ASV décroche le téléphone. Cela valorisera le vétérinaire.

14) Quand Kiki a pissé ou posé sa pêche dans la salle d’attente, ne le dites surtout pas et ne ramassez surtout pas!!! On marche dedans, ça étale et puis finalement ça sèche. À la fin on a un joli revêtement.

15) Demandez-nous des stages pour vos enfants. Nous adorons recevoir des kyrielles d’adolescents boutonneux analphabètes qui trouvent que tout est nul. Ils ont d’ailleurs raison.

16) Amenez-nous le dossier de la recherche Internet que vous avez faite sur la maladie de Kiki. Il n’est pas impossible que nous apprenions quelque chose.

17) Quand un de nos jeunes confrères se fait mordre, esclaffez-vous et dites : « c’est le métier qui rentre ! »

18) Si le cabinet ferme à 19 heures, venez à 18 h 58. Vous savez bien que toute notre vie est entièrement dévolue aux animaux. Nous n'avons pas d'enfants, pas de famille et nous ne mangeons que très rarement. 

19) N’hésitez pas à appeler à 3 heures du matin ou le dimanche pour des renseignements sur les prix des ovarios. On est là pour ça !

20) Sachez que nous sommes aussi (surtout) psychiatres.
N’hésitez donc pas à nous raconter votre vie, vos emmerdes, la dernière otite du petit, voire les détails de votre vie sexuelle.
Comme vous le dites souvent : « qui n’aime pas les bêtes n’aime pas les gens ».
Oui, mais quoi à propos des gens qui n’aiment pas les gens et aiment les bêtes ?


Papier (un rien modifié) du Dr vétérinaire Philip ZELTZMAN exerçant aux USA.

Petit bonheur

"Le miracle n'est pas de marcher sur l'eau, il est de marcher sur la Terre verte dans le moment présent et d'apprécier la beauté et la paix qui sont disponibles maintenant."
Tchich Nhat Hanh


Parfois un détail, une petite chose prend tout à coup une dimension magique...
Comme lorsq'une jeune oie céréopse qu'on sauve fait sa mue, et que ses plumes s'ornent de cœurs alors que chez les membres de cette espèce le plumage est ponctué de taches...
Sayuri est devenu un superbe mâle, fier et très affectueux, qui aime participer à la vie du refuge, nous suit avec ses congénères dans la cour et le pré, vient sur la terrasse voire entrer dans la maison si nous laissons la porte ouverte un petit moment, et adore jouer avec lacets, les chaussettes, les outils quand on bricole et mes cheveux lorsque je le caresse.

Le détail des plumes de Sayuri, qui a la particularité d'avoirs des cœurs sur celles-ci



Sayuri, à son arrivé chez nous, il avait 4 jours
                               


Sayuri est un mâle qui est arrivé chez nous âgé de 4 jours, confié par son éleveur car ses parents avaient été tués par un renard.


Sayuri, au bord de la mare en été
                                        
Il a souffert de troubles neurologiques pendant 1 mois et nous l'avons soigné. Il est devenu splendide, très affectueux et plein de vie...

dimanche 15 décembre 2019

Trombinoscope du petit peuple de la prairie suite

"J'ai regardé au loin. J'ai vu quelque chose qui bougeait... Je me suis approché, j'ai vu un animal... Je me suis encore approché, j'ai vu un homme... Je me suis encore approché, et j'ai vu que c'était mon frère..."
Sagesse du Tibet

Un arc-en-ciel illumine le pré et la mare


 Quelques photos des fées et lutins qui vivent ici...

Machu & Picchu les alpagas (Picchu est malvoyant et Machu est son ami et guide)


Naoki & Izumi le couple de cygnes noirs


Guigui, un chat victime de graves négligences qui était arrivé en très mauvais état au refuge et a pu être soigné à temps
 
Bounty, qui avait été abandonnéé


L'art de la sieste



Dark Hope, qui avait perdu sa mère dans un accident alors qu'elle n'était pas sevrée et qui était arrivée au refuge complètement traumatisée


Nympheas au jardin

"Si nous prenons la Nature pour guide,
Nous ne nous égarerons jamais..."
Cicéron


Voici quelques fleurs de nénuphars du jardin...


Nymphaea Sunfire

                                           

 Dans la légende populaire , le nénuphar est une sirène envoûtée que des esprits malin surveilleraient silencieusement et jalousement. C'est pourquoi quiconque s'approcherait trop de lui en nageant serait attirée par le fond. Ses nombreuses tiges qui se ramifient sous l'eau et son rhizome traçant dans lequel on peut se prendre, expliqueraient cela.
Son nom populaire de "Mummel" (nom d'une déesse des eaux) ou de "fleurs de nixe" se rattache à l'idée de déesse des eaux

Dans la glyptique maya, le nénuphar est un symbole d'abondance et de fertilité, lié à la terre et à l'eau, à la végétation et au monde souterrain.

Nénuphar vient de l'égyptien nanoufar qui veut dire "les belles", dans l'Egypte ancienne , on donnait ce nom correspond aux nymphéas considérées comme les plus belles fleurs.

  Ouvrant leur corolle à l'aube et la refermant le soir, les nymphéas, pour les Égyptiens, concrétisaient la naissance du monde à partir de l'humide."
 Il est étroitement lié au dieu Soleil et au culte du dieu Osiris.

 Dans l'histoire de l'hindouisme, Brahma, créateur du monde serait né d'une fleur de lotus qui a poussé sur le nombril de Vishnou. Une légende indienne raconte qu'à la suite d'une lutte acharnée entre l'étoile du berger et l'étoile du nord, pour contrôler le royaume de la nuit, des gouttes de sueur tombèrent dans les lacs et se transformèrent en "lys sacré des eaux" autre appellation du nénuphar.


Nymphaea gigantea Dark Purple
                                                         
Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :

"Le nénuphar et le lotus présentent évidemment de nombreux points communs, tant par leurs espèces que par les qualités qu'on leur attribue. Qui plus est, ils partagent aussi une origine étymologique commune. En effet, nénuphar est issu du persan nïlüfar, lui-même emprunté au sanskrit nïlautpala, qui signifie "lotus bleu", composé de nïla, "bleu" et de utpala, "fleur de lotus". C'est un nom d'origine indienne, donc, et non égyptienne, comme on l'a souvent cru, le lotus ayant été, il est vrai, une fleur sacrée en Égypte antique. En latin nénuphar se disait nymphea, nom dérivé du grec numphê, qui désignait aussi bien plusieurs plantes, dont le lotus et d'autres nénuphars, que les fameuses nymphes, les divinités des bois et des sources chez les Grecs, qui devinrent les fées au Moyen Âge. Comme on le voit, le nénuphar fait allusion aux fées, à la féerie, aux nymphes, à la magie de la nature, à la féminité, à la fécondité, à la fertilité.
Dès lors, sa vision dans un rêve prend soit une connotation amoureuse et sensuelle, les désirs, espoirs ou nostalgies du rêveur se focalisant autour d'un nénuphar en quelque sorte, soit un sens sacré, l'expression d'une soif d'absolu du rêveur se révélant ainsi."


Nymphaea Tina
                                                   


Nymphaea Director Georges T. Moore

Trombinoscope du peuple de la prairie





« Un être humain est une partie du tout que nous appelons univers, une partie limitée par l'espace et le temps. Il s'expérimente comme séparé du reste...
Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion pour embrasser, dans leur beauté, toutes les créatures vivantes et l'ensemble de la nature. »
Albert Einstein



Chewbacca & Love, les "meuh" highland, sauvés de l'abattoir, au bord la mare

      
Tashi l'âne & Picchu l'alpaga malvoyant
Un couple de dendrocygnes à lunules

                                                               

La ponette Brin d'Ange, sauvée de maltraitance grave
                                    
Nos amies les cigognes qui viennent régulièrement dans notre pré

                             
Le bouvier bernois Laos, qui risquait l'euthanasie suite à de graves troubles du comportement dus à des traumatismes, et que nous avons recueilli

La minette Cerise, arrivée au refuge suite à de la maltraitance grave
                                       
Une bernache nonnette qui a adopté de jeunes oies céréopses
                                    

Une histoire de fées-suite


" L'amour n'est pas un lien, c'est une révélation. "
Boris Cyrulnik


Voilà donc fée jument et fée vache qui jour après jour se découvrent, partagent leurs mondes, s'aiment.
Fée jument est malvoyante et âgée, et fée vache est aveugle, épileptique, et très fragile.
A deux elles sont fortes et s'épanouissent...

Poésie se repose sous la surveillance de maman Yoko





Leur rencontre, c'était cela:



Poésie grandit doucement, tète, joue, et nous ouvre les portes de son monde.
Un monde tout doux, tout pur, avec parfois ses crises d'épilepsie, avec parfois ses moments d'absence, et cette fragilité, cette vulnérabilité...
Mais dans ce monde il y a du courage, et une si grande force de vie.

Poésie tète Yoko et profite de son lait
                                    

Une histoire de fées

« Il y a quatre pensées illimitées : l’amour, la compassion, la joie et l’égalité d’âme. » Bouddha



Aujourd'hui je vous invite à découvrir des lutins, des fées, des elfes...
Pas tout à fait ceux des contes de fées, quoique!
Les êtres d'un petit peuple magique, un peuple de poils des plumes, de fleurs...
Un petit peuple dont certains êtres ont souffert,  se sont reconstruits, et sèment de la joie et de l'amour comme autant de graines de vie...


Une grenouille se repose sur une feuille de nénuphar


Il y a des petits lutins, des grands, imposants, des minuscules, des bruyants, des colorés, des chahuteurs, des contemplatifs, des lutins à papouilles, des lutins de sagesse, des lutins à mains de fleurs...

Voici une fée d'amour...
Rien que son nom est un poème, puisqu'elle s'appelle Poésie...

Poésie aime jouer avec les crins de Yoko

C'est une jeune vache highland. Elle est handicapée. Née aveugle, elle est aussi épileptique, et a une compression de la moelle épinière qui lui cause de gros soucis neurologiques.
Elle est arrivée chez nous âgée de 1 mois, confiée par son éleveur qui tentait de la sauver.
N'ayant pas eu de colostrum à la naissance et n'ayant pas pu téter sa mère, elle avait un système immunitaire très faible qui compliquait encore sa situation.
A peine arrivée ici, elle s'est trouvé une maman... C'est une autre fée, une fée jument, qui l'a adoptée.
Une fée jument de 26 ans, issue d'un difficile sauvetage (mais ça c'est un autre article), qui l'a aimée et protégée.
Au bout d'une dizaine de jours, la jument, Yoko, s'est mise à produire du lait, et à allaiter son bébé vache.
On a complémenté avec des biberons (le lait de jument n'est pas assez gras pour cette petite highland), mais les deux fées se sont épanouies comme des fleurs.


Yoko aide Poésie à se diriger et la guide