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lundi 28 décembre 2020

L'érable

  "La vie est tel un arbre 

Quand on s'épanouit avec lui, les cimes nous sont offertes et le Monde avec. 

Si on ne grandit avec lui, on reste au pied. " Maître Zen. 

 



 

Un homme avait hérité d'un superbe terrain... 
au bout de son terrain se trouvait un érable magnifique. 

Mais cet homme venait de la ville,
et il ne connaissait rien aux arbres.  

Il vint trouver l’érable vers la mi-juillet et lui dit : 
- « Donne-moi de ta sève sucrée, que j’en fasse du sirop. » 

L’érable lui répondit : 
- « Mais, je n’ai plus de sève à donner,
elle est toute répartie dans mes feuilles. »

L ’homme revint à la fin d’octobre et dit à l’érable : 
- « C’est l’été des Indiens.  Il fait chaud.  Donne-moi de l’ombre. » 

L’arbre lui répond :
- « Mais, je n’ai plus d’ombre à donner
parce que le vent m ’a pris toutes mes feuilles. » 

Déçu, l’homme revint que six mois plus tard,
à la mi-mars. 

Il dit à l’arbre :
- « Je suis fatigué de ne voir que le blanc de la neige. 
Donne-moi de tes belles couleurs d ’or et de rouille ». 

Mais l’érable était si occupé à pomper la vie dans ses bourgeons
qu ’il ne l’entendit même pas. 

Furieux, l’homme le coupa et le brûla...

En demandant à l’autre ce qu’il ne peut pas donner, 
on ne  voit plus ce qu’il peut offrir...

et on passe à côté de bien des joies... 

 

Georges Madore

jeudi 24 décembre 2020

Comme un arbre

 

Être arbre. Un arbre ailé. Dénuder ses racines Dans la terre puissante et les livrer au sol Et quand, autour de nous, tout sera bien plus vaste, Ouvrir en grand nos ailes et nous mettre à voler.

Pablo Neruda

 

 
Comme un arbre
j’ai besoin de lumière...
si je suis fermement attachée à mon sol
toujours mariée à la terre
je grandis néanmoins vers le ciel et je croîs...
je mûris en noblesse et en beauté.


certains jours noirs et sombres de l’hiver
ou certaines heures d’automne noyées de pluie
je travaille à l’intérieur et j’attends...


nulle protection ni secours
incertitude maillée d'espérance
je ne commande pas à la nature
je collabore avec elle.


Comme un arbre
j’ai mes saisons
mes forces, mes failles


continuer... comme un arbre
ce n’est peut-être pas
maudire les intempéries
mais les accueillir
dormir une courte nuit
pour recommencer le lendemain
apprendre à mourir
pour renaître.


continuer... comme un arbre
c’est peut-être me lever chaque jour
avant le jour
prête à affronter les coups du sort
prête à faire alliance avec ma vie.


je connais misère et grandeur...
le passage de la nuit au jour
la fraîcheur des rivières à mes pieds
et le fruit du labeur de mes bras.


Que sais-je encore?


j’ai appris à m’incliner
à me redresser
à écouter la beauté dans le murmure du vent...


parfois ma parure
cache mon écorce fragile
parfois encore je me dépouille
pour mieux me révéler


j’ai le juste orgueil
de donner l’ombre au passant
comme j’ai la fierté
de mes racines profondes.


les marques de mon passé
trahissent mon âge, mes peurs et mes pensées
voyez mes noeuds d’anxiété
mes blessures, branches cassées


pourtant, je m’élève malgré tout
je parfume l’air à ma façon...
le temps me couronne de fleurs
à l’occasion


en vieillissant
je me souviens avec émotion
de l’oisillon que j’ai bercé
et du refuge que j’ai offert
aux jeunes de mon quartier


mes prières deviennent contemplation
j'apprécie
l’horizon du lendemain... je chante l'oraison


si l’arbre est fort
il craint toujours le feu et le bûcheron
de même
je frémis devant le mal, la guerre
et plus que tout...
devant l'indifférence, l'insouciance


Je porte toujours en moi l'arbre de la croix!


certains arbres
deviennent bois de chauffage
paniers de bois
feuilles de papier sablé ou ciré
bois d’ébénisterie
copeaux, gîtes, balai neuf ou lambris


je parie que la Vie fera de moi
une petite feuille de papier fleuri...


j'espère qu'on y écrira
un vers ou deux de poésie...


Lysette Brochu



lundi 21 décembre 2020

Le respect

 Apprenons à mieux aimer la vie en nous pour mieux la respecter autour de nous. ~ Jacques Salomé

 

Le respect est une vertu fort négligée.
Le respect c’est l’espace vital.

Lorsqu’on ne se donne pas le respect, on ouvre des portes et des fenêtres,
et ce dans différents aspects de notre être, et ces espaces se remplissent
et ces espaces deviennent les manques de respect des autres envers nous.

C’est en nous, en chacun de nous que se situe la clé du respect.
On ne peut jamais blâmer l’autre de son manque de respect.
Le manque de respect de l’autre est toujours constitué du manque de respect envers nous-mêmes.

Le respect, c’est la survie de l’être.
Le respect est une forme d’amour de soi.
Ce qui ne veut pas dire qu’on n’accueille pas l’autre, mais on l’accueille près de soi et non en soi.

Le respect appelle toujours le respect.
Et le respect a un grand besoin de l’être.

Lorsque vous manifestez à quelqu’un votre respect,
cette personne se sent grandie, cette personne se sent comprise.
Les manifestations de respect qui sont de l’amour, éveillent toujours chez ceux et celles
qui les reçoivent, un plus grand respect d’eux-mêmes.

Le respect admire ce qui est et le laisse vivre.

Le respect reçoit la beauté de l’autre et laisse cette beauté vivre et se développer sans chercher à se l’accaparer.

Lorsque deux respects se côtoient, l’amour naît.

Les respects cheminent côte à côte, ne s’interpénètrent jamais.
Ce qui ne veut pas dire que les corps ne peuvent pas se joindre,
que les émotions ne peuvent pas se frôler,
que les pensées ne peuvent pas chevaucher ensemble les grands espaces,
mais que toujours, il y a de la place pour que chacun des êtres
puisse se développer dans son essence,
pour que chacun des êtres puisse continuer à se re-connaître.


Anonyme


 


samedi 19 décembre 2020

Le jardinier

 

Le bout du monde et le fond du jardin
contiennent la même quantité de merveilles.

 Christian Bobin

 


Le jardinier


C’est un homme simple. Pour rentrer dans son jardin, il met un vieux pantalon de toile, une chemise qui ne craint rien. Ses mains sont sèches et carrées. Son visage hâlé, ses cheveux libres. L’été il porte un chapeau. L’hiver sa chemise est en laine. Il avance d’un pas tranquille. Il n’est pas pressé.


Il a tout son temps. Il regarde, il ressent. Il le parcours des yeux et le perçoit dans son ensemble. Dehors et dedans. Il l’accueille, il le prend dans son regard. C’est une vision totale qui l’atteint dans son cœur, comme un choc.


A chaque fois, son cœur tressaille pour son jardin et il le remercie et rend grâce à Dieu de lui donner une telle joie. Joie de le contempler et de faire partie de lui.


Comme il s’avance dans le jardin, il comprend que chaque plante, chaque morceau de terre est vivant et chacun se relie aux autres par des fils invisibles, semblables aux fils de lumière que font les araignées sous les rayons du soir, dans l’herbe après la pluie.


Il capte des vibrations toutes différentes selon la nature interne de chaque chose, qui entre elles, chantent ensemble. Un bruissement organisé et balancé par le vent ondule dans l’air, en volutes. Tout est sexuel, sexué et même désirant. Dans l’air flottent les messages olfactifs de chaque parcelle de vie. Tout palpite, vibre, se déplie, se déploie et pousse, creuse ou s’élance, lutte inexorablement dans un même et bel élan. Tout se mélange, se divise, se transforme.


Il voit alors les bienfaits des rayons du soleil sur la chlorophylle, de l’eau abreuvant les racines, aspirée par les cellules. Il y a une connivence, une harmonie entre chacune de ces cellules. Et regardant ce spectacle, il sait à cet instant précis qu’il est solidaire de chaque être vivant.


Lorsqu’il s’approche encore il découvre qu’aucun des insectes, parasites, vers, oiseaux et rongeurs, aucune plante n'est placée là par hasard. Il comprend que personne ne prend la place de personne car TOUT est à sa place, utile à la manifestation même de la vie et à la gloire de son Créateur.


L’intelligence ainsi manifestée, jubile, exulte et libère une énergie fabuleuse. Une joie. Et aussi un ordre. Mais un ordre sans hiérarchie véritable, un ordre qui nous lie les uns aux autres par un destin commun : celui de servir. Sans aucune autre destination que celle de servir la beauté et la bonté du monde.


Rose Fourcaut - Paris, 1995