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samedi 21 août 2021

Devenons les ouvriers de la délivrance animale

"L'enfant qui sait se pencher sur l'animal souffrant saura un jour tendre la main à son frère."

Albert Schweitzer

 


 

 

Devenons les ouvriers de la délivrance animale

Il arrive que les hommes se laissent trop facilement décourager à la pensée que l'individu isolé ne peut rien faire, et ils en viennent, la plupart d'entre nous, à vouloir fermer les yeux et se boucher les oreilles pour ne rien savoir de ces misères: ils s'imaginent qu'en leur tournant le dos dans leur vie quotidienne, elles cessent d'exister.

Ce point de vue est faux et lâche. L'individu isolé peut au contraire faire beaucoup (...) Ce qu'on vous demande est vraiment modeste : aucun sacrifice ni de temps ni d'argent, mais seulement ne pas rester un spectateur passif et élever la voix à la place des créatures qui ne savent parler, afin de ne pas ressembler au Lévite de la parabole. Mais je remarque chez les autres et chez moi-même que nous nous y prenons souvent avec maladresse pour défendre la cause des animaux : nous nous mettons en colère, nous injurions et morigénons, ce qui semble alors donner raison à ceux qui nous reprochent en se fâchant de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas et que nous ne connaissons pas ! Une parole mieux placée et plus aimable n'aurait suscité de telles réactions négatives. Il faut se souvenir des paroles de l'apôtre: "la charité est patiente, elle est bienveillante; la charité n'est pas envieuse, elle ne se vante pas, ne s'irrite pas et ne fait rien d'inconvenant..." Notre but est d'éveiller la conscience des hommes: vous n'y arriverez pas prétendant vous ériger en juges, mais plutôt en vous présentant comme un requérant. Même si l'interpellé riposte et si vous croyez n'avoir rien obtenu, la requête fait son chemin, pénètre l'esprit jusqu'à ce qu'un jour la lumière y jaillisse.

Si tous, tant que nous sommes, nous faisions chacun notre devoir, nous réussirions à changer beaucoup de choses (...) ne vous détournez pas en disant : "C'est plus fort que moi, je ne peux pas voir çà!" - mais inquiétez-vous et osez prononcer le mot qui convient (...). Telle est la petite requête que je vous adresse en ce temps de l'Avent pour que nous devenions les ouvriers de la délivrance des animaux ...

(Sermon du troisième dimanche de l'Avent, 1908)