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mercredi 28 avril 2021

Le petit garçon et les étoiles de mer

 « Si votre compassion n’inclut pas tous les êtres vivants, alors il vous sera impossible de trouver la paix en vous-même. » Albert Schweitzer

 


 

Pendant mes dernières vacances, au bord de la mer, un matin en arrivant sur la plage, j'ai découvert des milliers d'étoiles de mer qui s'étaient échouées dans la nuit. J'étais complètement estomaqué par ce spectacle quand je vois un petit garçon au bord de la mer qui prend une étoile de mer entre ses deux doigts et la rejette à la mer. Pendant que je m'approche, il continue sa tâche en essayant de lancer les étoiles de mer le plus loin possible dans la mer. Arrivé près de lui, je le félicite pour ce qu'il a entrepris mais je lui fais remarquer que c'est une tâche impossible :
- Même si tu continues tout le temps à les rejeter, une par une, à la mer, compte tenu des milliers et des milliers d'étoiles de mer qui se sont échouées, à la fin de la journée, on ne verra pas beaucoup la différence sur la plage.

A ce moment là, le jeune garçon, qui venait de prendre délicatement une étoile de mer s'est redressé, il m'a regardé droit dans les yeux et avec un grand sourire, il m'a dit :
- D'accord, peut-être que ça ne changera pas beaucoup de choses sur la plage, mais, pour cette étoile de mer-là, ça fait une sacrée différence.

Anonyme

 


 

dimanche 18 avril 2021

Contente-toi de vivre

 Je ne demande pas la signification du chant d'un oiseau ou le lever du soleil sur un matin brumeux. Ils sont là, et ils sont beaux.
Pete Hamill 

 


 

 

Un petit oiseau en pleine crise existentielle alla voir un vieux sage qui vivait au fond d’un bois pour lui dire qu’il avait l’impression d’être inutile. Il était bien trop petit. Comme il volait assez haut, personne ne le voyait et il avait l’impression qu’il ne servait à rien.

– Pourquoi suis-je là ? demanda l’oiseau.

– Tu es là pour donner de la joie aux humains, lui dit le sage.

Pour essayer de se rassurer, il vola pendant plusieurs heures au dessus de la ville et des parcs en observant les gens. Mais il ne vit personne qui levait les yeux pour le regarder. Il avait beau faire des figures magnifiques dans le ciel pour faire plaisir aux passants, personne ne semblait le voir. Les gens parlaient, lisaient, marchaient, mais ne s’intéressaient pas à lui.

Désespéré, il retourna voir le sage :

– Je ne sers à rien ! J’ai beau essayer de donner de la joie aux gens, ils ne me regardent pas !

– Vole pour toi, pas pour eux, lui répondit le vieil homme. Contente toi simplement de voler…

Le pauvre oiseau resta plus d’une heure a pleurer sur une branche. Personne ne le comprenait, pas même le sage. À quoi cela servirait de voler juste pour voler ? Comment rendrait-il les gens plus heureux sans rien faire ? Il se sentait désespéré et épuisé. Il décida tout de même de suivre les conseils qu’il avait reçus. De ne plus essayer d’aider les gens a être heureux et de s’occuper un peu de lui.

De quoi avait-il besoin en ce moment ? Il avait faim, alors il s’envola vers le ciel pour aller chercher un peu de nourriture. Il passa au-dessus d’une maman qui avait les larmes aux yeux mais qui, comme tous les autres, ne s’était pas rendue compte de sa présence… “Personne ne me voit” se dit-il encore…

Un enfant tira alors doucement sur la manche de la dame et dit :

– Regarde maman, un petit oiseau !

Et la maman sourit…

Anonyme 

 


 

dimanche 4 avril 2021

Le monde est empli de visions qui attendent les yeux

 Si vous aimez vraiment la nature, vous trouverez la beauté partout. Vincent Van Gogh

 


 

Les présences sont là, mais ce qui manque ce sont nos yeux. Qui la voit cette petite fougère prise dans une branche épineuse ? Le vent la connaît, le vent lui parle.

Je ne pense pas que la nature connaisse la solitude terrible dans laquelle nous pouvons nous trouver. Je suis parfois soufflé par la conversation incessante du pré qui fait face à la fenêtre devant laquelle j’écris. Je regarde, je n’entends rien, la fenêtre est fermée, et quand bien même serait-elle ouverte, aucune rumeur ne me parviendrait, mais je vois très bien l’agitation des brins. Ils sont comme huilés par la lumière. Si j’avais le talent de regarder à fond — un talent qui me manque trop souvent —, je verrais, parce que je le sens, que chaque brin est différent du brin voisin. Ils sont sans arrêt pris dans un événement. Dans l’événement de la brise, de la pluie, dans l’événement des lumières qui vont, qui viennent, qui s’affairent on ne sait trop à quoi, du jour qui s’en va, du froid qui remonte de la terre. Est-ce qu’il y aura encore un autre jour ? Le pré est rempli de mille questions qui sont sans impatience d’une réponse. Quand j’écris avec la vision de ce pré, je suis devant le plus grand concurrent qui soit. Je suis devant un maître écrivain, un des plus grands poètes, qui n’a pas de nom, pas de visage, mais qui travaille jour et nuit.

Il est possible que, par l’attention aux choses menues, très simples, très pauvres, je trouve peut-être ma place dans ce monde. Il y a quelque chose de la suave tyrannie des techniques qui commence à être défaite dans un instant de contemplation pure qui ne demande rien, qui ne cherche rien, même pas une page d’écriture. La plupart du temps, je regarde, je ne note pas, je n’écris pas. La contemplation est ce qui menace le plus, et de manière très drôle, la technique hyperpuissante. Et pour une raison très simple, c’est que les techniques nous facilitent la vie apparemment. Mais c’est un dogme d’aujourd’hui qu’on ait la vie facilitée. Qui a dit que la vie devait être facile et pratique ?

Christian Bobin