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dimanche 29 décembre 2019

Magie d'hiver au jardin

"Tout le ciel étoilé, toute la terre nourricière, toute la splendeur de l'aube et du soir, toute la gloire du printemps et de l'automne, tout le Souffle aimant de l'univers porté par un vol d'oiseaux migrateurs, tous les hauts chants humains montés de la vallée des larmes, tout cela constitue un "ici et maintenant" où l'éternité se ramasse. Cet "ici et maintenant" ne peut rayonner, irradier, faire fleurir et porter fruit, susciter écho et résonance et, par là, prendre tout son sens que s'il est vécu par une âme."
François Cheng


Les dernières fleurs du sagittaire de Montevideo
                                       

Il fait froid, la brume drape tout d'un voile laiteux.
Le jardin dort, enseveli sous les promesses de fleurs et de feuillages à venir.
J'entends les chants des mésanges et le cri au loin d'un faisan.
Le temps n'existe plus, tout est suspendu dans cette ambiance hivernale. Les bourgeons sagement semblent figés dans leur attente... Quand le froid se fera plus mordant, les dernières roses se cristalliseront dans le givre, le velours des pétales habillé de diamants qui distilleront les rayons du soleil.
Pour le moment je me souviens des trésors du printemps, de l'été, de l'automne avant le sommeil.
Ce n'est ni une tristesse, ni une nostalgie, mais au contraire une sorte d'hommage à la vie, qui pulse encore, bien à l'abri dans son berceau de terre, et qui surgira lorsque les jours s'allongeront, plus foisonnante que jamais...

Fleur de camélia du Japon givrée

                              

 La lumière est faible, diaphane, fragile. La nuit ne quitte pas tout à fait le jour né, et enveloppe déjà l'après-midi avec hâte. 
Je suis assise sur le bac pétrifié de la fontaine, dans la cour.
Un chat, Calypso, se frotte contre mes jambes.
Yoko la jument, câline Poésie, la petite vache.
J'entends la famille de cygnes noirs qui revient de la mare pour grappiller quelques graines.
Une bise humide souffle on dirait que les ramures des arbres chuchotent, pleine de mystères.

 La dispute d'étourneaux qui chapardent des fruits blets sur le néflier...
Ce calme a quelque chose d'étrange.
Pénétrer dans l'antichambre de la nuit à pas de loup.
C'est comme être hors du monde, connectée à chaque particule d'air, de plantes, de terre, à chaque âme d'animal. Dedans et dehors à la fois. Être deux, cent, mille. Être rameau, poussière, goutte, vapeur, être pas tout à fait là parce que être si fort qu'il n'y a pas de mot.
Être là,  dans cet instant d'hiver.
Terriblement là. 


Des baies de callicarpa ornée de givre
                               
Mes cheveux jouent, caressés par le vent.
Des larmes de brume perlent sur une toile d'araignée, toutes saisies de beauté et de transparence.

Je me sens vivante, juste vivante et pourtant, intensément vivante.





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