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lundi 5 octobre 2020

Voilà comment on remercie les chevaux

Dès lors que tu admets le fait que tu dois évoluer en tant qu'être humain pour te rapprocher des chevaux... c'est toute ta vie qui évolue. Les chevaux sont le symbole de notre façon de traiter nos semblables, notre travail, nous-mêmes. 

 Ulrike Dietmann, Le Cheval guérisseur de l'homme

Le vibrant plaidoyer de François Morel pour défendre les chevaux

  Voilà comment on te remercie le cheval

 Toi qui depuis des millénaires a été le meilleur auxiliaire de l’homme. Toi qui as été son fidèle adjoint, son compagnon, son plus proche associé. Toi qui l’as aidé, assisté, soutenu. Toi qui l’as servi. Toi qui as donné de ta personne en demandant si peu en échange. Toi qui l’as fait voyager, toi qui lui a permis de se relier avec les autres hommes, qui grâce à toi pouvaient communiquer, s’envoyer des dépêches, des correspondances… parfois des mots d’amour.

 Voilà comment on te remercie le cheval.

  Toi qui en avais souvent plein le dos, mais avançait quand même. Toi qui as labouré, tiré la charrue, toi qui as fit la guerre, traversant la misère, le froid, la neige dans des combats qui n’étaient pas les tiens, dans des guerres perdues d’avance puisque tu n’avais jamais rien à y gagner. 

Toi qui n’as jamais ménagé tes efforts, toi qui as accepté – courbant l’échine – d’être de trait, d’attelage, de selle, de course.

Voilà comment on te remercie le cheval. 

 Toi qui as tenté de rendre l’Homme meilleur, l’a fait chevalier. Toi qui t’es fatigué à le distraire, à le divertir, à Auteuil, Longchamp, Enghien, le faire parier, miser… rêver. Toi, pourtant capable de dormir debout, toujours aux aguets, d’un sommeil sans rêve. Toi qui as fait l’admiration de tous, sur les hippodromes, et sous les chapiteaux, sur la piste.

 Je me répète : toi qui as tenté de rendre l’Homme meilleur. Si souvent enclin à être cavalier, cavaleur, le faisant… chevaleresque.

 Voilà comment on te remercie le cheval. 

 Toi qui, par délicatesse, sur les chemins de terre, perdais parfois un fer, histoire de nous porter chance, de nous redonner espoir.

 Voilà comment on te remercie le cheval. 

 Et tu vas voir que mes quelques mots de sympathie et de reconnaissance vis-à-vis de toi seront critiqués par des abrutis, qui me reprocheront de parler de la douleur des chevaux au lieu de parler de celle des enfants du monde entier, comme si le cœur devait faire le tri parmi les enfants martyrisés, les vieillards battus, les animaux torturés. Alors que l’horreur de supplicier les faibles devrait alerter chacun, dans tous les cas, sans avoir besoin de passer un concours de l’ignominie. Sans tenter de revendiquer la meilleure place sur le podium, dans une compétition concurrentielle de sentiments compassionnels.

 Voilà comment on te remercie le cheval.

 Petit cheval dans le mauvais temps, aux mâchoires coupées, aux flancs lacérés, aux organes génitaux mutilés. Faut-il qu’il soit mauvais le temps pour s’en prendre à toi cheval, tous derrière et toi devant, tout seul, face à l’homme, qui s’éloignant de son passé de chevalier semble avoir une fâcheuse tendance à perdre son humanité.

 François Morel Chroniqueur

2 commentaires:

  1. Que dire après un tel plaidoyer? Si encore il pouvait servir à rendre les hommes meilleurs, mais que peut on attendre de cette génération de folie?
    Amicalement
    Claude

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  2. Oui Claude, cette époque est de plus en plus cruelle et chaotique. Je ne sais pas comment cela va finir et il m'arrive d'être pessimiste. Amitiés, Séverine

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