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jeudi 23 janvier 2020

Yoko la jument 4 La rencontre

Une vraie rencontre provoque une influence réciproque. Deux mondes intimes interagissent et chacun modifie l'autre. Boris  Cyrulnik


La rencontre de Poésie et de Yoko



Une drôle de journée ce 6 mai 2019... Le soleil de printemps se reflète sur l'eau de la mare.
Le téléphone a sonné, une petite vache handicapée de naissance ne peut plus rester chez son éleveur, qui a essayé de son mieux de la sauver. Elle est aveugle, a un problème avec son système immunitaire car elle n'a pas eu de colostrum, n'a jamais pu téter sa mère.
Il va nous l'amener demain.
Le 7 mai, la bétaillère arrive dans la cour.
La porte s'ouvre. Une velle, toute noire et minuscule, descend timidement, aidée par son propriétaire.
Et Yoko la jument arrive, la renifle, fait un flehmen.
Et là, on comprend.
A cet instant, à cette seconde, Yoko met ses pas dans les pas de ce bébé d'un mois, fragile et encore maladroit. Cette petite vache est aveugle, nous découvrirons plus tard qu'elle est épileptique et souffre d'une compression de la moelle épinière.
Yoko passe l'après-midi à accompagner cette petite, à la flairer, la lécher.
La petite vache se met sous le ventre de Yoko, et lèche ses pattes.
Puis elle part à la recherche des mamelles de la jument, qu'elle finit par trouver.
Elle les hume, les caresse du nez.
Et tète un instant dans le vide. Puis lèche les mamelles et les tète.

Poésie aime se placer entre les pattes de Yoko

 Le soir nous rentrons Poésie, la petite vache, dans l'écurie car parfois Yoko tombe et a du mal à se relever. Ainsi elle ne risque pas de blesser la velle si cela arrive.
Yoko passe la nuit devant le portail de l'écurie.
Comme Poésie n'est âgée que d'un mois, je la nourris au biberon. 
Elle va de temps à autre chercher les mamelles de Yoko et téter, puis machouiller les crins de sa queue ou de sa crinière.
Au bout de quelques jours, Poésie fait une crise d'épilepsie, il lui faut plus de 2 heures pour récupérer. 
A peine 10 jours après l'arrivée de ce bébé, Yoko se met à faire du lait et du colostrum.
Et le miracle arrive. Poésie la tète, goulument, vigoureusement.
Et les larmes me montent aux yeux.

Les jours passent, Poésie prend des forces.  Je lui fais des biberons en complément car le lait de vache est plus gras que celui d'une jument et Yoko est âgée de 26 ans.
Leur amour grandit, précieux et pur.
Yoko câline, rassure et éduque son bébé, et Poésie prend des forces.
Elle tète avec appétit, et aime passer du temps entre les pattes de la jument.

Yoko fait du lait pour son bébé vache qui adore la téter


Les crises d'épilepsie de Poésie sont parfois très violentes, et Yoko vient me chercher jusque dans la maison quand cela arrive.
Avec le vétérinaire et l'ostéopathe, nous tentons d'aider au mieux cette petite vache.
Yoko est douce, patiente et protectrice avec son bébé.
Nous découvrons qu'elle se frotte contre les obstacles (murs, portes, portails) et qu'en flairant cela Poésie se cogne de moins en moins.
Yoko marque certains endroits (près d'une haie, près des portails qui mènent au pré) avec ses excréments, et Poésie reste à l'intérieur de cette zone, sans se cogner non plus.
Nous pensons que Yoko est consciente du handicap de son bébé et qu'elle l'aide ainsi à se repérer...
Yoko a été secourue au bord de l'agonie le 8 novembre 2018, elle est devenue maman adoptive de Poésie le 7 mai 2019, soit 6 mois après.
Après nous avoir donné une grande leçon de courage, elle nous donne une leçon de résilience.
Yoko a transformé sa souffrance passée en amour, et Poésie jour après jour s'épanouit.
Aimer, c'est offrir la vie. Yoko a compris le plus noble message de la vie, sa plus profonde sagesse: la compassion.
Je me dis que si les humains pouvaient agir comme elle, le monde serait tellement meilleur.


4 commentaires:

  1. Une très belle leçon de résilience, il y a qu'avec l'amour que l'on peut faire des miracles et Yoko le démontre parfaitement. Merci de nous parler de cette très belle histoire
    Amicalement
    Claude

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    1. Je vous remercie. Yoko a eu une existence particulièrement douloureuse, et voir tout cet amour qu'elle donne, toute cette vie qu'il y a en elle, est une formidable leçon d'espoir et de sagesse. Voici la vidéo du sauvetage de Yoko:
      https://www.youtube.com/watch?v=NCLHKfa4cmY . Je vous souhaite une excellente fin de semaine.

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  2. Bonjour
    Cette histoire me touche sur deux points, par son contenu pouis parce que les chevaux et moi ... on se connait plus que tres bien ( https://yoshimiparis.wordpress.com/les-chevaux-et-les-hippodromes-avec-passion/ )
    C'est incroyable que ce petit veau s'en aille entre les "jambes" de la vieille jument qui , je suppose a du avoir des poulains des années avant.

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    1. Je vous remercie pour votre commentaire. Yoko est une jument que nous avons sauvée le 8 novembre 2018, au bord de l'agonie. Squelettique, (elle pesait un peu plus d'une centaine de kilos-aujourd'hui elle en fait plus de 400- atteinte d'une sérieuse piroplasmose chronique, de gros parasitisme et souffrant d'une fracture jamais soignée au postérieur gauche (lorsqu'on a fait les radios on a été très choqué par la gravité de cette blessure et par la souffrance que la jument a du supporter seule, sans soin...)ses chances de survie étaient quasi nulles. Poésie, la petite vache, est ravie d'avoir une telle maman adoptive. Yoko l'a allaitée presque 8 mois, elle est sevrée et toujours aussi proche de sa maman jument qui l'éduque, l'aide à vivre avec son handicap, et passe de longs moments à la câliner...

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