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jeudi 18 février 2021

Regarde les arbres comme ils travaillent

Elle vit! Elle vit en chaque arbre, en chaque plante...elle est l'âme de la forêt...elle est la vie! Les courants, les cascades, c'est son cœur qui bat, son sang qui coule... 

Jean-Claude Servais


« Regarde, regarde les arbres comme ils travaillent.

– Qu’est ce qu’ils font grand-père ?
– Ils rattachent la terre au ciel. Et cela, c’est très difficile. Vois-tu, le ciel est si léger qu’il est toujours sur le point de prendre la fuite. S’il n’y avait pas d’arbre, il nous dirait adieu le ciel. Alors, il ne nous resterait plus qu’à mourir. Mais, heureusement, il y a les arbres…
Regarde ce tronc rugueux, tu vois. C’est comme une grosse corde. Il y a même des nœuds dedans. Mais à chaque bout, les fils de la corde se desserrent et s’élargissent pour s’accrocher au ciel et à la terre. On les appelle des branches en haut et des racines en bas. Mais c’est la même chose. Les racines cherchent leur chemin dans le sol de la même manière que les branches cherchent leur chemin dans le ciel.

– Mais grand-père, c’est plus difficile d’entrer dans le sol que dans le ciel !
– Hé non mon fils. Si c’était vrai, les branches seraient droites. Et vois comme elles sont tordues sur le vieux pommier ! Elles doivent aussi chercher leur chemin. Elles poussent. Elles changent de direction. Elles ont parfois bien plus de mal que les racines.

– Et qu’est-ce qui leur donne tout ce mal, grand-père ?
– C’est le vent. Le vent voudrait séparer le ciel et la terre.
Les arbres tiennent bon. Mais c’est une sacrée bataille, mon fils. »

Et nous, grand-père, que devons-nous faire ?
Avoir confiance, mon fils. Avoir confiance dans les arbres contre le vent »

Pierre-Jakez Helias

 


 

mardi 16 février 2021

Le même fleuve de vie

 

La grâce de la nature est dans le mouvement d'un bras; l'harmonie du monde est dans l'expression d'un regard. C'est pour l'amour que la lumière du matin vient éveiller les êtres et colorer les deux; pour lui les feux de midi font fermenter la terre humide sous la mousse des forêts; c'est à lui que le soir destine l'aimable mélancolie de ses lueurs mystérieuses.

Etienne Pivert de Senancour

 


 Le même fleuve de vie


Je sens que toutes les étoiles
Palpitent en moi
Le monde jaillit dans ma vie
Comme une eau courante
Les fleurs s’épanouiront
Dans mon être
Tout le printemps
Des paysages et des rivières
Monte comme un encens
Dans mon cœur
Et le souffle de toutes choses
Chante en mes pensées
Comme une flûte

La joie est accourue de tous le coins du monde pour former mon corps.
La lumière des cieux l’ont embrassé encore, jusqu’à l’éveiller à la vie.
Les fleurs des étés trop rapides ont palpité dans son sein, et les voix de l’eau et des vents chantent dans ses mouvements.
Les couleurs ardentes des nuages et des forêts ont afflué dans ma vie et toutes les harmonies des choses ont caressé ses membres pour leur donner une forme de beauté. Elle est mon épouse, elle a allumé sa lampe dans ma maison

Le même fleuve de vie
Qui court à travers mes veines nuit et jour
Court à travers le monde
Et danse en pulsations rythmées

C’est cette même vie
Qui pousse à travers la poudre de la terre
Sa joie en innombrables brins d’herbe
Et éclate en fougueuses vagues de feuilles

Et de fleurs

C’est cette même vie
Que balancent flux et reflux dans l’océan
Berceau de la naissance et de la mort.
Je sens mes membres
Glorifiés au toucher de cette vie universelle
Et je m’enorgueillis
Car le grand battement de la vie des âges
C’est dans mon sang qu’il danse en ce moment

 

L’Offrande lyrique – Tagore
Première parution en 1963
Trad. de l’anglais (Inde) par Hélène Du Pasquier et André Gide.

 


 

mardi 9 février 2021

La mare à travers les saisons

Tous les êtres sensibles ont le droit de vivre

 

"J'ai regardé au loin. J'ai vu quelque chose qui bougeait... Je me suis approché, j'ai vu un animal... Je me suis encore approché, j'ai vu un homme... Je me suis encore approché, et j'ai vu que c'était mon frère..."

Sagesse du Tibet

 


 

Paroles de Sa Sainteté le Dalaï-Lama,
extrait du livre "Conseils du Cœur" (2001)

 

 

"Tous les êtres sensibles ont le droit de vivre. Il est évident que les mammifères, les oiseaux, les poissons ressentent le plaisir et la douleur, et que par conséquent, ils n'aiment pas plus souffrir que nous.

Lorsque l'on utilise ces animaux de manière abusive dans le seul but de faire du profit, même si on laisse de côté le point de vue bouddhiste, on en est pas moins en contradiction avec les valeurs morales élémentaires.

J'ajouterai que celui qui n'éprouve pas la moindre hésitation ni la moindre compassion en tuant un animal ou en le faisant souffrir aura logiquement plus de mal qu'un autre à en éprouver pour ses congénères.

 


 

Il est toujours dangereux d'ignorer la souffrance d'un être, quel qu'il soit, même s'il nous apparaît nécessaire de le sacrifier pour être utile au plus grand nombre.

La nier, ou éviter d'y penser, est une solution commode, mais cette attitude ouvre les porte à tous les excès, comme on le voit pendant les guerres. Elle détruit aussi notre propre bonheur.

Je le dis souvent, l'empathie ou la compassion finissent toujours par nous être bénéfiques. Certains font remarquer que, de toute façon, les animaux s'entre-dévorent.

C'est exact, mais on ne peut nier que les animaux qui mangent les autres ont un comportement simple et direct : quand ils ont faim, ils tuent, quand ils n'ont pas faim ils ne tuent pas.

On est loin de l'attitude des hommes qui abattent des millions de vaches, moutons, poulets et autres juste pour le profit."