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mardi 11 août 2020

Cette distance infime à nos cousins animaux

 

"Notre traitement à l’encontre des animaux sera un jour considéré comme barbare. Il ne peut pas y avoir de civilisation parfaite tant que l’homme ne se rende compte que les droits de chaque créature vivante sont aussi sacrés que la sienne."

Docteur D. Starr la Jordanie (1851-1931)

 

 

 

Michel SERRES
Cette distance infime à nos cousins animaux

 

 Jusqu'à aujourd’hui en effet, l’humanisme n’eut jamais lieu parce que l’homme universel qu’il évoquait n’existait pas. […]
 Il vient de naître aujourd’hui, d’une toute autre source. Tiré de la paléoanthropologie, de la biochimie et de quelques autres disciplines expertes dans les datations, le Grand récit qui raconte l’émergence, l’expansion et les voyages aventureux d’Homo sapiens permet de dessiner l’arbre généalogique d’une seule et même famille et donc d’accéder à un nouvel universel.
 Et de nouveau : existe t-il une nature humaine ? Qu’est-ce donc que l’homme ? A ces deux questions, chaque réponse proposée par la tradition tente de définir notre espèce en général. Mais toujours quelque critique, ironique et judicieux, oppose à chaque essai une bête dite brute qui correspond à cette définition, soit parce qu’elle a deux pieds sans plume ou qu’elle rit, soit qu’experte, elle fabrique des outils, qu’elle fait l’amour face à face… Fourmis, termites, castors, chimpanzés, bonobos… voilà, que je sache, autant d’animaux politiques. Et combien de fois, mon âme, avez-vous assisté à la réception du corps diplomatique par un chef d’Etat ou, malade, à la visite d’un patron de médecine précédant sa suite… sans reconnaître là, immanquablement, quelque mâle dingo dominant ses femelles et autres dépendants, un coq en gloire dans la basse-cour parmi poules et chapons, un lion de mer sur la plage sale, levant son cou flasque ? Ethologie et génétique savent mesurer cette distance infime à nos cousins animaux.
 Que l’on définisse enfin l’homme comme chose qui pense, combien en avez-vous rencontré sur la place publique ou dans quelque amphithéâtre ? Inversement, qui vous assure qu’aucune bête n’a conscience de soi, que la vache dans son pré ne médite pas sur ce pourquoi elle se trouve comme jetée dans ce carré de luzerne, ruminant sa déréliction ? Qui d’entre nous entra jamais dans la cénesthésie d’une chauve-souris ?
 Une fois rejetées ces définitions absurdes, une fois fermé cet accès à l’homme universel, il semble plus aisé de répondre à la question : qui es-tu toi, mon prochain, mon voisin, que je fréquente au quotidien et que je crois connaître ?
Michel SERRES, Récits d’humanisme (2006).

2 commentaires:

  1. Celui qui prend le temps d'observer les animaux s'apercevra très vite que les animaux font preuve de beaucoup d'empathie entre eux, hier encore je regardais un reportage ou l'on voyait des girafes se regrouper autour d'un vieux male qui avait cessé de vivre, à leur comportement il est évident que pour elle s'était un instant de recueillement, j'ai observé ce genre de comportement chez différents animaux, j'ai vu une vache pleurer parce que l'agriculteur ne comprenait pas sa réalité et lorsque je suis intervenu pour la protéger, elle m'a immédiatement montré sa gratitude. Depuis longtemps je sais que les animaux sont beaucoup plus sociaux et solidaires que les humains.
    Passe une belle journée
    Amicalement
    Claude

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    1. Merci beaucoup Claude. Ici dans notre refuge la Petite Bohème, on voit chaque jour à quel point un animal lors d'un sauvetage ou des soins qui lui sont prodigués, montre sa gratitude et sa confiance. Nous sommes aussi fascinés par la richesse des relations interespèces...Je te souhaite une merveilleuse fin de semaine. Amitié, Séverine

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